Alphonse de Lamartine ... Poème...
" L'isolement "
Souvent sur la montagne,à l'ombre du vieux chene
Au coucher du soleil, tristement je m'assied
Je promène au hasard mes regards sur la plaine
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Ou l'étoile du soir se lève dans l'azur
Au sommets de ces monts couronnés de bois sombres
Le crépuscule encore jette un dernier rayon
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon
Cependant ,s'élançant de la fleche gothique
un son religieux se répand dans les airs
Le voyageur s'arréte, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour méle de saints concerts
Mais à ces doux tableaux mon ame indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts
De colline en colline en vain portant ma vue
Du sud à l'aquilon,de l'aurore au couchant
Je parcours tous les points de l'immense étendue
Et je dis: " Nulle part le bonheur ne m'attend."
Alphonse de Lamartine